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cipitant, l’air bouleversé, poussant des appels rauques.

Paul grommela :

— Délicieux ! Jorgon a un transport au cerveau… et toi tu t’encanailles. Cette nuit est des plus intéressantes… Pas même l’idée de nous chercher en voiture ! Vous êtes tous fous !

Jorgon, en présence du groupe, reprit tout son habituel sang-froid.

— Messieurs, je trouvais que vous tardiez ! Donnez-moi donc cette personne.

Jorgon ne questionnait jamais en dehors du service.

Brusquement, la petite blessée se réveilla et se cramponna au cou de Reutler.

— Je ne veux pas qu’il me touche ! hurla-t-elle d’un accent désespéré.

— Eh ! fit Paul, je te croyais plus morte, la belle ! Je t’en prie, Reutler, flanque-la-moi dans les bras de Jorgon, il serait de mauvais goût d’insister. Jorgon… emporte cet animal sauvage et fais-toi mordre à la place de mon frère.

Jorgon, docile, s’avança, mais la jeune fille se cacha le visage.

— Monsieur ! j’ai peur, dit-elle à l’oreille de Reutler qui la sentit frémir toute… J’ai bien peur ! Est-ce que c’est… un gendarme ? Comme il est grand !

Reutler se mit à rire de bon cœur.

— Non, ce n’est pas un gendarme, c’est mon domestique, un vieux très doux pour les enfants. Allez avec lui. Là-haut, nous vous soignerons, vous boirez du vin très chaud et on vous ramènera chez vos parents, si vous en avez. Je com-