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temps en temps levait le front tout en renouant la chaîne et tâchant de noyer les décombres.

Là-haut, il aperçut un grand diable noir qui semblait disputer un ange à la gloire du feu. Il se saisit de la première échelle flottante, escalada l’église.

— Éric ?

— Reutler ?

Le toit de la sacristie s’effondra, les voilant de poussière et de fumée. Il restèrent tous les deux debout, pendant que se sauvait le forgeron, plus humain, car ce n’était guère la peine de venir respirer des flammes puisqu’on avait terminé sa mission.

Tous les deux, sur la corniche, devant l’abîme des braises, ils se regardèrent effrayés d’autre chose.

— Ah ! les joyeux garçons, s’écria le maire. On croirait qu’ils sont au bord d’une fontaine ! Qui est-ce qui racontait donc que c’étaient des lâches ? Ils ont sauvé le village, Monsieur le curé !

— Pour vous ! ronchonna le curé suffoquant, mais pour moi ils ont tout simplement démoli mon église ! Ce sont des prussiens ! Des vandales !

— … Veux-tu que nous nous y jetions ensemble ? demanda Reutler l’écume aux lèvres. Je ne peux pas mourir seul, tu sais pourquoi. Qui te protégerait contre toi-même, vile créature que tu es ! Dis, le veux-tu ? C’est l’heure…

— Non ! non ! bégaya Paul horrifié, je ne veux pas mourir encore ! j’ai peur… d’avoir peur… parce que je suis abruti de fatigue. Je crierai, on me sauvera. Et ce sera ignoble. Estropié et défiguré