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c’est gentil d’être descendus de chez vous pour le pauvre monde. Oui, nous sommes dans une fameuse marmelade. Sacré bon sang de Dieu ! Messieurs, je vous remercie, quoi !

Ayant terminé ce discours il montra ses gros poings impuissants à la silhouette du curé qui fumait, comme une cheminée dans le vent, sous les douches administrées par des ouailles complaisantes.

Tout à coup, une voix suraiguë de fille cria au secours, de la lucarne d’un grenier. Le plomb fondu dévorait le toit situé en contre-bas de l’église. Une douzaine de garçons affolés se précipitèrent et, profitant de ce mouvement tournant, Reutler dit, très haut, de son ton bref qui commandait :

— Il faut abandonner l’église, mes amis, et couper ce qui dépasse de la toiture du côté de la sacristie. On n’a presque plus d’eau. Ménagez ce qui vous reste pour vos maisons, en attendant la pompe de Villersexel.

Il disposa les moyens de défense, plaça la pompe de leur jardin dans la direction de la grange et indiqua les échelles.

Le gaillard à la perche cessa d’éponger la verrière. Il sauta. Lui se faisait fort, par la corniche de l’église, encore intacte, d’atteindre la sacristie.

— Il est très bien, ce drôle ! murmura Paul, considérant le forgeron entre ses cils baissés. (Il ajouta, de son accent dédaigneux, en tirant l’échelle à lui :) Dites donc, le grand diable, après moi, hein, et s’il en reste !

Reutler n’eut pas le loisir de risquer une observation. D’un geste prompt et gracieux, le cadet