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— Tu es édifiant ! répondit l’aîné, mis en gaîté malgré lui.

— Sainte Vierge ! hurlait une paysanne, courant avec une très petite cruche à la main. Ils n’ont déjà point d’eau dans l’endroit !

Une autre ajouta :

— Et la pompe de Villersexel durera près d’une heure à nous venir !

Un nouveau groupe se rangea devant les chevaux.

— Ce sont les Messieurs de Fertzen !… C’est l’église qui brûle !… affirmait-on.

Une bande de gamins déguenillés, dont les sabots faisaient un sec tapage, — un roulement de noix sur des planches, — sortit d’un sentier, s’attelant à un tonneau qui répandait son contenu par une fissure. Ils couraient de plus en plus vite, en laissant derrière eux un ruisseau d’eau glougloutante.

Paul partit d’un franc éclat de rire. Cela sonna, dans les airs embrasés, comme une fanfare d’archange exterminateur.

Reutler s’arrêta net et tendit les bras.

— Tu ne vas pas te tuer, dis ? cria-t-il, vaincu par l’effroi de sa propre conscience.

Reutler savait bien qu’en amour, défendu ou permis, le seul absolu qu’on puisse réaliser c’est la mort.

— Non, mon grand, répondit Paul gouailleur. Je crois que je vais à la noce, voilà tout !… Tiens ! Ramasse-moi ma mule… elle est tombée là-bas, près de cette touffe d’herbe. Je ne veux même pas qu’il m’en coûte la plus petite parcelle de