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l’observatoire se trouvant organisé de façon à ce que toutes communications fussent rompues avec la terre, et ils pouvaient s’émerveiller de l’apothéose, sans se douter qu’elle jaillît d’une catastrophe.

Quelqu’un les tira de leur extase : Jorgon.

— Je me suis permis de déranger ces Messieurs, dit-il, montant du plancher comme un grand spectre, parce qu’on est venu quérir la pompe à arroser les pelouses, et n’ayant pas l’autorisation de la prêter, je voulais l’avis de ces Messieurs !

Jorgon était formaliste.

— Comment, la pompe ? fit Paul, sautant des étagères de la bibliothèque sur lesquelles il était en train de grimper.

— Qui veut l’emprunter ? demanda Reutler d’une voix sourde.

— Des personnes du village, Monsieur le baron. Voici une petite heure qu’ils regardent brûler leur église, ces gens ! ça leur a pris par une meule qui était contre et paraît que ça gagne leurs maisons.

— Un incendie ! cria Paul.

Jorgon, flegmatique, pliant sa haute taille, ramassait les morceaux de la lampe brisée.

— Que fais-tu là ? dit Reutler impatienté. Redescends tout de suite et donne-leur tout ce qu’ils voudront. Cela presse, le feu !…

— Oui, Monsieur le baron… cela presse… Entre nous, ce sont des chiens, ces gens du village ! On ne voit jamais la couleur de leur parole que lorsqu’ils ont besoin d’un service.

Jorgon réunit les coins de son tablier de toile, comme l’aurait pu faire une bonne femme, tout en se dirigeant du côté de la trappe qui s’ouvrait