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ses joues, s’appuyant, d’étranges caractères écrits à l’encre pourpre. Elle avait, au col, une petite morsure de vampire, son diadème glissait : sa tête très rejetée en arrière, seulement couronnée de ses cheveux soulevés, arrondis en deux croissants bizarres, paraissait morte, la bouche ouverte, dans un effort douloureux, sur ses dents serrées, très éblouissantes, aux gencives roses comme pleines de sang. Chastement, sa longue robe retombait, et l’on ne voyait plus ses jambes, mais ses pieds, déchaussés, rendus plus fins par la finesse du maillot blanc, s’étirant comme les pieds d’une statue sur un tombeau. Elle étouffait, et, d’un mouvement brusque, elle mit ses bras au-dessus de sa tête.

Reutler s’agenouilla devant le lit. Demain la belle princesse byzantine se réveillerait déshonorée. Vers trois heures de l’après-midi, elle se lèverait, riant encore des bonnes plaisanteries de la veille, elle sonnerait ses valets de chambre, prendrait son bain, sa douche, demanderait des plats aux épices, puis, tout à coup, ne voyant pas le grand frère, elle se frapperait le front, poussant un cri de désespoir… elle se traiterait de lâche !

Le grand frère, l’aîné nécessaire au témoignage de toutes les sottises et le funèbre côtoyeur de tous les caprices, Reutler espérait bien qu’elle ne le verrait pas revenir… Il avait déjà réglé les différentes questions touchant la cérémonie mondaine, nouvelle corvée qu’on lui imposait. Non, il ne fallait plus revenir, il ne fallait plus vivre, c’était trop !

Paul murmura un mot vague, il dit : Reutler, très doucement. À travers son sommeil d’enfant