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s’enfonça dans le tapis mais ne s’écrasa point.

— Très bien, murmura le jeune homme. (Et il ajouta d’un ton de gouaille :) Pas d’erreur, c’en est une !

Il se leva pour mieux examiner la perle qu’il avait reprise et ses yeux eurent un éclair, sous leur extraordinaire frange de cils.

— La fourrure l’a préservée. Recommençons l’expérience.

Rapidement, comme s’il avait peur de lui faire grâce, Paul alla frapper le bijou sur le bord de son lavabo ; au second coup, maladroit, le marbre se fendit ; au troisième la perle éclata avec un bruit sec, un petit bruit de ressort se détendant. Cette fois, elle était morte.

— Voilà, soupira Paul en lâchant le marteau. Ce qui différencie les vraies des… autres, c’est qu’il faut trois coups pour les broyer. Encore un absolu de fichu !

Mélancolique, Paul de Fertzen revint à son miroir, sa seule beauté lui paraissant, désormais, cet absolu de rêve ; et à force de se regarder de face, de profil, d’étudier le réseau de ses veines, de compter les poils du duvet de ses lèvres, il se trouva une ride aux coins de la bouche, une minuscule ride, trace persistante de son rire de gamin méchant, sinon vicieux, virgule ponctuant ses sourires les plus affectueux d’une nervosité perverse.

— C’est le rictus maladif de mon aîné ou que le diable m’emporte ! Cela se gagne donc, les rictus ? Je préférerais vraiment tenir autre chose de lui.