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Ah ! ce musc ! ce musc, il me donne la nausée. C’est horrible ! Tu n’es pas chimiste, tu n’analyses pas tes sensations ! (Il ricana.) C’est du musc allemand, je connais sa provenance rien qu’à le respirer ! Il m’écœure, entends-tu ?

— Calme-toi, mon grand ! dit Paul, surpris de cet aveu au moins étrange de la part de celui qu’il regardait comme le Prussien. Un peu de patience, je cherche la comtesse…

Ils montèrent et descendirent, visitèrent la salle, et durent céder le pas à une entrée de clowns extrêmement bruyante.

— … Oui, poursuivit Reutler songeant tout haut, je ne dis pas que ce ne soit pas très pittoresque, seulement cela sentira toujours la parfumerie du bazar à treize ! De toutes ces distinctions et de toutes ces richesses il s’exhale une vulgarité qui est le vrai, l’unique signe de l’opprobre. Enfin, puisque vous avez le culte de la luxure, ne pourriez-vous pas lui ériger des temples au lieu de lui prêter banalement vos salles de spectacles ?

— À qui s’adresse le sermon ? questionna Paul gaîment.

Ils se trouvaient, en ce moment-là, au seuil du bal et, parmi les couples des valseurs, les deux jeunes gens, couple altier aux deux tailles droites comme des hampes, dominant de leur orgueil les voluptueux qui s’inclinaient, les deux jeunes gens regardaient encore plus haut, cherchaient, celui-ci une vengeance, celui-là une pure vision d’apothéose.

— Je m’adresse à l’impératrice Irène ! murmura Reutler dont la voix prit une soudaine inflexion