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ques. Ce ne pouvait pas être son frère, Paul-Éric de Fertzen. Non, car elle était rousse. La ligne, très pure, de son corps droit, à la façon des primitifs, se devinait sous une simarre à traîne de dentelles d’or, aussi aériennes que des dentelles de fil, et constellée de pierreries de toutes les nuances. À ses épaules, décolletées en rond, largement mais chastement, s’attachait une dalmatique en soie, mi-partie pourpre et violette, bordée d’hermine. Une ceinture écharpe, à deux étagés, serrait la taille et soutenait le buste avec la roide pression d’un corselet d’armure, retombait par devant en ruissellement de chaînes d’or, de cordelettes de satin où se mêlaient d’énormes cabochons d’améthyste, de rubis, et les triples croix grecques, formant des extrémités de chapelets. Les bras, nus, surchargés de cercles de métal et de bijoux, sortaient des manches amples, en brocart jaune, doublées d’une étoffe d’un rose, changeant jusqu’au vert pâle, imitant les irisations claires d’une valve de nacre, et sur ces irisations chatoyantes s’enlevait la blancheur mate de la peau, paraissant plus blanche d’un blanc d’ivoire vieilli. Sur la tête, aux cheveux cuivrés, bouclés court, un diadème étroit, surmonté de la croix grecque, dardait les feux aigu des brillants et dégouttait du sang des rubis. Icône à la fois royale et divine, profane et sacrée, toute la personne de cette femme semblait figée en l’or et les joyaux, comme celles qui ne savent pas ployer la taille, ont l’habitude souveraine de ne même pas se pencher sur les génuflexions des passants. Oui, c’était bien une icône byzantine ; et quand elle tourna, du côté de Reutler épouvanté