ardent du blond Titien des grues modernes. Et elle prononça : créatures !
Au dessert, Reutler fut complètement dérouté par la candeur de la jeune fille, qui, timide, demanda le nom d’un fruit chinois que Paul lui offrait.
— Mon bébé, je vous en enverrai demain Une boîte à l’atelier, si vous aimez ça. Ce sont des mangues, expliqua le jeune homme, bienveillant.
— À l’atelier ? songeait Reutler. Des femmes peintres ?
Le dessert s’acheva rapidement. Paul, plein d’une singulière effervescence, expédia le café, ne toucha pas aux cigares, dicta ses derniers ordres :
— Jorgon, le coupé pour onze heures. Qu’on n’oublie pas les fourrures ! Toi, mon grand (et son ton bref prit une inflexion d’une irrésistible câlinerie), je t’attends chez moi vers dix heures. Tu n’as pas ta névralgie, ce soir ; donc, le manteau vénitien et le masque, à la seule fin de ne pas trop te compromettre en mon illustre compagnie. C’est entendu.
Reutler eut un geste d’effroi. Paul lui désigna les deux femmes, souriantes.
— Pense que je pouvais exiger un costume… et je n’impose que l’habit !
Il sortit, suivi de ses dames d’honneur qui grignotaient des pralines.
Tout en se faisant habiller par Jorgon, Reutler, perplexe, réfléchissait :
— J’aurais dû protester… mais risquer une algarade devant des étrangères, c’était dangereux ! Je préfère l’Opéra. Quelle corvée !