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— Oh ! comme c’est profond ! Où est-elle ? C’est impossible ! Je ne veux pas, moi, qu’elle soit là-dedans.

— Du courage, répondit doucement Reutler le serrant contre lui, elle n’est peut-être pas morte. Sois un homme, voyons !

— Ah ! Monsieur le baron, glapit l’habilleuse de la jeune fille se tordant les mains, ce serait un miracle, faut pas l’espérer. Elle est tombée dans le grand dessous ! Songez donc ! C’est le truc par où on monte les arbres !

Paul eut un cri déchirant. Il se précipita derrière les pompiers qui élevaient des torches, cherchant à illuminer ces cavernes.

— Jane ! Ma Jane ! s’exclama-t-il descendant par bonds désespérés, aux risques de se rompre les reins. Je veux ma Jane, il faut qu’on me la rende ou je vous fais tous jeter en prison ! Assassins ! Vous êtes des assassins !

Cette fois, il la tenait, son émotion de première.

La descente fut effroyable. À chaque palier, les gémissements de Paul devenaient plus rauques, il se mordait les poings tandis que Reutler, le saisissant par les épaules, l’empêchait de se lancer en bas pour aller plus vite. Le directeur, suant à grosses gouttes, se lamentait, jurant comme un forcené, et l’habilleuse, qui avait voulu les suivre pour chercher Mademoiselle qu’elle aimait bien, alternait avec des petits cris d’enfant malade. Très anxieux, les pompiers prêtaient l’oreille aux entrebâillements sombres des boiseries, d’où pendaient de colossales toiles d’araignées, rideaux funèbres qui ne se levaient pas. On n’entendait rien. On ne