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en forme, il s’élança du côté où il pensait voir encore la jeune fille.

Là, juste à l’endroit de sa dernière apparition, il y avait un espace sombre dans le plancher, une sorte de bouche noire ouverte en rond, ombrée davantage par l’arête d’une haie d’églantiers artificiels, un trou de citerne d’où montait un vent glacial, puant.

Le directeur, voyant de loin Reutler se pencher sur le gouffre, ne fit qu’un saut et hurla, de tous ses poumons :

— Au rideau ! Baissez le rideau ! Une annonce, n’importe laquelle !

Il avait compris.

Reutler, très pâle, supplia d’une voix émue :

— Empêchez mon frère d’avancer, Monsieur !

De mauvaise humeur, tous les nerfs tendus vers cette salle bondée qui éclatait en transports de rage, Paul se jeta furieusement sur son frère.

— Elle a donc manqué son entrée, cette sotte ?

Reutler l’arrêta d’un mouvement autoritaire.

— Je te défends de regarder. Elle… s’est trouvée mal… on l’a rapportée dans sa loge… dans sa loge… entends-tu !

Mais Paul regarda, pendant que le directeur, dont le visage cramoisi avait l’aspect d’une flamme, sifflait tout le personnel, ajoutant une note aiguë au concert offert par les spectateurs.

— Allons donc ! Elle n’est pas tombée dans ce trou, je présume. Ce serait trop bête !

Peu habitué aux dessous d’un théâtre, Paul ne pouvait pas s’imaginer qu’une chose extraordinaire ne fût pas naturelle sur la scène. Ce trou-là ne