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— Chrodielde, ajouta-t-il, quel est celui qui veut jeter un sort à l’autre ?

Le rire de la femme s’étouffa plus doux, pareil au râle des oiseaux de marécage.

Le lendemain, un esclave de Marovée vint tout tremblant à la basilique, porteur d’un message de son évêque où il était dit que les princesses devaient se présenter à son tribunal seulement accompagnées de deux serviteurs sans armes, sans chien, et surtout sans mauvaise volonté. Marovée déclarait aussi qu’aucun mal ne serait fait à la troupe de gens de guerre qui resterait dans leur droit d’asile en l’absence de leurs chefs naturels. On discuta sur ces derniers mots. Les chefs naturels c’étaient les hommes : Harog et Ragna, mais elles prétendaient qu’on avait voulu désigner les princesses. Basine désirait amener la recluse et Soriel, celui-ci tellement malade qu’il pouvait entrer en agonie rien qu’à le mettre droit. Chrodielde, plus raisonnable et dont les yeux brillaient encore de son plaisir volé, dit qu’il convenait de s’en tenir à la lettre. Les serviteurs seraient choisis par le chef, car il n’y en avait jamais eu qu’un : Harog. Interrogé directement, celui-ci répondit de sa voix brève :

— Il est inutile de perdre un temps précieux pour la réussite de cette affaire. Vos serviteurs,