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personne que le fer de leur lance fiché sur la poutre servant de marche au roi pour descendre du lit.

Chilpéric, étendu, semblait dormir, couvert de peaux de renards et d’un grand manteau rouge. Il se montrait tel qu’il s’était couché la veille. Son lit, qui lui servait de trône le jour, présentait un furieux désordre où se mêlaient des armes et des vêtements de femme. Le chef Neustrien portait une braie de laine et avait les pieds nus, très sales, déformés, aux plantes durcies comme de la corne. Sa poitrine velue luisait de graisse aux travers de ses poils et il avait au cou un fabuleux collier de perles rouges, d’inégales grosseurs, alternant avec des perles violettes qui étaient de simples graines. De lourds bracelets d’argent cerclaient ses poignets énormes et une écharpe de soie jaune s’enroulait à sa taille replète, lui formant une ceinture de danseuse. Mais sa tête conservait une grande allure de dignité, son opulente chevelure blonde, tressée en couronne, parsemée de fils d’or, le ceignant d’un diadème imposant au-dessous duquel ses yeux, d’un bleu verdâtre, luisaient comme deux promesses d’espérance.

Le vin du réveil l’attendrissait. Il leur parla d’un son de voix paternelle.