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recevez-la dans votre gloire ! et comme elle était joyeuse à sa manière, elle ajoutait :

— Malheur à Jérusalem ! évoquant les tueries, flairant le massacre, exhibant son torse maigre où saillait son squelette.

Les chevaux hennissaient, les chiens aboyaient, c’était l’enfer…

La reine, dégagée du tourbillon de la hache, apparut grande, brune, couronnée d’un bandeau de métal comme d’une gloire tordue. Ses yeux brillaient de bravoure, et sa bouche cramoisie semblait vernie de sang. Vêtue d’un manteau écarlate bordé d’un galon d’or, ses pieds passaient, nus, souillés de boue.

— N’est-ce pas qu’elle est belle ? dit Basine, naïvement.

Harog fut frappé par le charme terrible de cette impératrice de grands chemins qui ne craignait point de se livrer à la fougueuse admiration d’un peuple de bandits. Sa chevelure noire s’étalait plus longue que celle de Basine, qui n’abandonnait point encore la courte coiffure des religieuses cloîtrées. Oui, Chrodielde était belle, elle représentait bien et bellement une créature de chair aux violents appétits.

— Mes amis, criait-elle en riant, je m’en remets