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joyeusement. Avec le sûr instinct des bêtes passionnées pour leur maître, Méréra, saisit le vêtement de Basine pour l’amener jusqu’au jeune homme. La princesse était vêtue comme une serve, d’une courte tunique couleur de laine brute. Elle portait sur ses cheveux bouclés un étroit bonnet dont la queue s’enroulait frileusement autour de son col. Plus de bandeau royal ni de manteau à traîne. Elle avait les jambes poussiéreuses et ses pieds petits chaussés de larges sandales de bois.

— Empêche ton chien de me mordre, chasseur insolent ! s’exclama-t-elle, tandis qu’Harog chancelait de bonheur.

Elle avait pourtant bien gardé son ton de princesse cruelle, fille du roi dont les trompettes d’argent sonnaient clair au milieu des combats.

— Ne crains rien, Basine. Celle que tu as daigné nourrir dans son enfance ne te mordra point.

— C’est toi, Harog ? Toi le berger tueur de loups ? Et elle secoua un rire léger en sautant le fossé pour le rejoindre.

Ils restèrent un moment face à face, redoutant de parler.

Rompant enfin ce trop grave silence après le rire de Basine, Harog murmura :

— Veux-tu toujours faire la guerre, Basine ?