Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou de l’hydromel ! Des boissons claires comme nos consciences… À la branche, l’homme boucher ! Il faut pendre les meurtriers parce que Dieu nous regarde… Nous sommes des créatures de Dieu… Que la Sainte Croix nous protège !

Harog souriait de leurs piaillements de poules effrayées.

— Et toi, le muet, questionna-t-il en touchant l’épaule d’un esclave d’apparence vigoureuse, les membres polis comme du marbre, la tête petite comme une tête d’oiseau sur un corps d’athlète, que demanderais-tu si je te laissais dire ?

L’esclave eut un sourire singulier, ses dents jetèrent des lueurs.

— Le droit d’étrangler ou de mordre toutes les femmes qui me trouveraient beau.

Et il ne voulut point en dire davantage, car il portait une entaille à la jambe pour avoir été attaché trois ans dans une basse fosse.

— Tu t’appelles bien Brodulphe-l’Adultère ?

— Je m’appelais Hilarion, seigneur ! Ils m’ont changé le nom et l’âme. Je ne veux plus être chrétien.

Les mendiants se poussaient les uns les autres. Ils dépêchèrent leur chef de bande, l’aveugle-né, lequel y voyait mieux que personne. C’était un grand vieillard décharné, mais très solide, qui faisait du