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deux ! Et cependant, je préfère… l’autre folie. On n’épouserait tout de même pas Michel.

La traversée des rues de Paris se fit assez lentement. C’était l’heure des théâtres et Pontcroix, malgré son assurance qui égalait celle d’un professionnel, redoutait, ou semblait redouter les accidents au milieu de cette cohue de voitures de toutes provenances, de piétons bourdonnant comme les mouches de tous ces coches.

Michel, installé sur les coussins du fond, fumait, béatement heureux de cette randonnée au clair de lune. Il faisait beau et doux. Dès qu’ils eurent dépassé l’octroi et qu’ils furent sur la route, Yves parla de l’itinéraire :

— Nous allons à Quimper, ou mieux à Pontcroix, par Alençon. Vous me suivez, Michel ? Allumez donc votre lampe pour voir la carte, si cela vous intéresse. Nous serons, vers minuit, dans l’Orne… et nous prenons là une bien jolie route qui monte en corniche, domine un torrent et redescend dans les bois. C’est très pittoresque, le jour. Nous y verrons poindre l’aurore. Est-ce que vous savez dormir en auto ? Je vous préviens que nous ferons du cent. La nuit, avec de bons phares, on est libre.