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— Je vous remercie, mademoiselle. Ce que vous avez fait là est vraiment étonnant. Non, ce n’est plus moi, et je suis confus, presque navré, que vous dépensiez tant de talent à… me transfigurer. Maintenant, si j’en crois la nouvelle formule, me voici beau à faire peur !

— Vous m’en voulez, monsieur ?

Et Marie Faneau sourit, en lui tendant sa main ferme, une toute petite main de garçon, beaucoup plus destinée à se battre contre les choses qui résistent qu’aux galanteries des gens du monde. Lui, n’appuie pas le baiser, très correct. On dirait qu’il redoute un peu les traces de pastel, sous les ongles, et aussi toute espèce d’effusion.

Ils prennent le thé, silencieusement. Marie Faneau n’est pas une femme provocante et elle ne sait pas du tout s’amuser aux complications de l’esprit. Comme ce silence devient pénible, elle sonne pour obtenir de la lumière, car le feu n’en donne plus assez.

La bonne entre, en coup de vent, essoufflée, portant un petit loulou blanc, à nez pointu, mi-renard, mi-épagneul, qui saute des bras de la servante dans ceux de sa maîtresse.

— Il a failli encore passer sous l’oribus !