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partie sans son manteau. Ah ! Mais voilà qui est original : aller dans le midi, en juin… j’aurais compris, cet hiver. L’autre est venue me l’achever, l’aimable propriétaire, la patronne… lui voler aussi son manteau parce qu’elle est pauvre. Dix francs sur la tablette au pain ! Vingt francs qu’on lui a donnés… ça fait dix francs pour son voyage dans le midi !… Et moi je n’ai pas trouvé d’emploi… parce que je suis bachelier et que je n’ai pas de manteau… Il faut que je dorme ou que je boive, sinon, cette fois, je vais en claquer !… oui… oui… je l’irai chercher ton manteau… sale gueuse, moi qui t’aimais tant…

Il s’effondra sur leur lit et, grisé encore plus par l’horrible fatigue de la veille, ses courses sous l’averse ou ses poses guettant les tramways bondés, que par l’eau-de-vie des réfectoires de Flachère, il s’endormit.

Il resta prostré cinq ou six heures.

À son réveil, son ventre criait de faim, non d’amour, il relut la lettre de sa maîtresse, lui découvrit une sorte de puérilité grossière, la brûla et éparpilla ses cendres au vent, puis il fit une toilette un peu plus soignée que de coutume.

La vie solitaire recommencerait-elle, sa vie de hibou qui effrayait jusqu’aux corbeaux ! Non.