Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

après, je m’en irai. Je suis si contente que la tête me tourne.

Fulbert la souleva. Elle était à la fois légère et lourde, légère parce qu’elle était très souple, lourde parce qu’elle s’abandonnait. Il la porta, la jeta sur son lit d’un geste sauvage, puis demeura hébété en face d’elle.

— Flora n’est pas morte ! répéta-t-il d’une voix sourde.

Elle joignit les mains.

— Assieds-toi près de moi. Je veux te regarder à mon aise, Fulbert. Je m’imaginais, au contraire, que c’était toi qui étais mort… Tu ne veux pas ? Eh bien, je vais m’asseoir par terre !

Il s’assit près d’elle, machinalement, et elle glissa par terre se blottissant entre ses jambes, la tête levée vers lui, ses cheveux se tordant le long de sa poitrine comme une ancienne souffrance qu’il connaissait trop. Et ainsi posée en esclave qui implore, elle se renversait pour le mieux dévorer des yeux.

Ils se regardèrent longtemps ; leurs lèvres frémissaient, lèvres d’enfants qui n’osent pas pleurer, et peu à peu leurs deux masques de pauvre humanité cruelle et torturée, plus torturée encore parce qu’elle a été cruelle, prirent une expression