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Elle parlait d’une voix exquise, très douce, presque gaie, une de ces voix qui vous font aimer la bouche la plus corrompue, car un accent est souvent le parfum des paroles. Elle parlait, cette femme, ou chantait, comme certains démons doivent parler en rêve aux jeunes hommes solitaires pour leur apprendre toute la musique du désir, ses rythmes particuliers, et des ondes voluptueuses allaient s’élargissant dans l’oreille, diluant le mot jusqu’à l’oubli tant le souvenir du son était encore plus doux.

Fulbert eut froid au cœur, chaud sous le front.

— Elle revient… pour m’emporter.

Et il recula, se frotta les yeux, regarda ses mains.

— Non, elles ne sont plus rouges. Rien n’est arrivé. Mes mains sont nettes, je les ai essuyées à la robe de l’autre. C’est Flora vivante.

Il cria, éperdûment :

— Flora vivante !

— Ful, mon Ful, je n’entrerai pas si je te fais peur. (Elle ajouta, les bras tendus :) Oui, je suis vivante, guérie, regarde-moi. Je suis toujours ta Flora et je viens pour te le dire… C’est Mr Marcus, ton ami, qui m’a donné ton adresse.