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la base de toutes les sociétés. Maintenant, je suis tenté de continuer mon chemin là dedans. Je vais travailler, faire fructifier des choses, les mains rouges. Ça poussera mieux. Je deviendrai à mon tour directeur d’esclaves, de ceux qui la remuent à pleines pelles. C’est crevant ! Et tu me salueras très bas, Marcus, le jour où tu me verras spéculateur sur immondices.

L’argent n’a pas d’odeur, et j’ajouterai que s’il devait en avoir une… ce serait celle-là. Au milieu de cette vaste sentine il y a une fleur, une vierge, si stupide et si adroitement femelle qu’on la pourrait cueillir, par n’importe quel soir de printemps. Ah ! mon vieux, c’est beau l’obscurité de la femme. On s’y plonge comme en un gouffre de rivière claire tout à coup noircie par sa propre profondeur, et on en meurt, ou on en ressort plus vigoureux, trempé pour tous les combats. J’imagine la virginité d’une femme comme un bain lustral. Je serai donc vierge quand je voudrai. Mais ai-je le droit de désirer cette jeune fille, n’ayant encore que le titre d’assassin ? Ici, on me déclare, ô douceur des temps, un simple anarchiste, un amateur, ce qui est, en somme, une profession contestable. Je n’ai pu devenir ni soldat, ni clerc de notaire, ni indus-