Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée

les actrices, les belles madames cotées ; tu es le placier des grâces, le voyageur de commerce de leurs amours ; tu as le vice que je n’ai pas, c’est certain. Et tu m’es fidèle… comme on aurait peur ! Je te dis que tu embaumes la fille, toutes les filles, tu es pourri de tous les parfums. Eh ! va donc, fleur de peste ! Ce que nous sommes étant gosses, nous le restons toujours. Tu as exploité mon âme autrefois, mais, sans âme toi-même, tu continues à exploiter celles des voisins et des voisines ne sachant pas au juste ce qu’il y a dedans. Tu continues à asservir ton geste et tu ne peux pas songer à t’affranchir le cerveau, parce que rien n’y pèse. Il est vide, aussi vide que ta poitrine. (Fulbert s’arrêta et eut un ricanement sourd.) Je t’ai aimé pourtant jusqu’au cœur. Je me sens marqué du sceau de cet amour si ridicule et si délicieux. Ce que tu voulais de moi, tu l’as eu. J’aurais donné bien plus que mon honneur de mâle, car, en amour, l’honneur ne compte pas. Maintenant, tu es encore plus fille qu’à dix-huit ans. Tu essayes, ma parole, de me remettre à ton niveau. Je vais donc fatalement recommencer à m’avilir pour que tu te trouves plus grand et plus sage vis-à-vis de mes propres fautes. Je t’ai prié de m’écouter en con-