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aux sournoiseries cruelles de l’épandage. Elle représentait la clarté facile et pure d’une lueur électrique dans un brumeux caveau, jadis voûte d’égoût emplie d’immondices, aujourd’hui sous-sol de marchand de denrées administrativement comestibles. Elle était sa fleur de boutonnière, une blanche légion d’honneur, et on ne dépose pas sans de grandes hésitations une décoration pareille sur la cheminée d’un gendre. M. Davenel, veuf depuis des années, s’offrait de temps en temps des maîtresses ; il savait, par une triste expérience qui le vieillissait tous les ans vers l’époque des fermentations printanières, qu’une femme a besoin d’amour libre et fort, que n’importe quelle femme, pure ou impure, chaste ou voluptueuse, vieille ou jeune, aspire aux actes sans trop de soucis des paroles, et que si les hommes rencontrent rarement des caresses désintéressées, les femmes ont un talent tout particulier pour faire naître les plus violents désirs des situations les plus absurdes. La femme fabriquerait de l’amour avec de l’engrais chimique et ferait mûrir la grappe des baisers sur les pires échalas !… Il s’était dit qu’un matin l’aurore de la passion se lèverait dans la chambre virginale. Sa fille, à vingt-trois ans, promenait quelques-