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de sa lecture, ouvrit sa fenêtre pour chasser les souvenirs malsains.

Elle contempla les jardins de Flachère, sa maison, sa demeure si purement caressée du soleil.

Par l’amoureux incendie d’un ciel de juin, autour d’elle s’épanouissaient les fleurs les plus rares, les plus suaves, qui avaient appris, mieux qu’en aucun lieu du monde, l’art de pousser vite et régulièrement. De larges allées rayonnaient, de la ferme de Flachère, en étoile, s’enfuyaient loin, torrent charriant des parfums à perte de vue et d’odorat, des ondes de parfum, des cercles sans cesse s’élargissant de senteurs de plus en plus vives. La maison, une construction élégante de genre hollandais, en bois gris fer, ornée de découpures blanches, espèces de dentelles de sapin, formait le moyeu de cette roue fleurie, et elle, Marguerite, maîtresse de la maison, était, à sa fenêtre, le centre de ce moyeu d’où tourbillonnaient les rayons des fleurs, des roses, des lys, des jacinthes, des violiers. Les violiers, surtout, répandaient une odeur délicieusement troublante. Au fond de leur lourd parfum, peut-être vulgaire, il y avait du poivre, de la vanille, des clous de girofle,