Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

la vue courte, la parole embarrassée, le ventre proéminent, à la Gambetta, dont il était le bien lointain imitateur, il n’avait pas de séduction de tribune, encore moins de prétention d’alcôve. Cependant, les jeunes filles sont ainsi bâties qu’un mâle célibataire ne peut intervenir sans les intéresser pour le bon ou le mauvais motif.

— Qui va-t-on placer à sa droite, Mademoiselle ? Fera-t-on dîner l’enfant du bouquet comme la dernière fois ? demandait Pauline, très excitée.

— Non, je pense qu’il est plus convenable de ne pas mettre de fillette mal élevée entre nous. Vous savez toutes les bêtises qui en résultent ?

Et Pauline comprit que ce serait Mademoiselle qui prendrait la place de la fillette, donnerait peut-être elle-même le bouquet qu’on avait commandé tout blanc : marguerites, tubéreuses et roses thé. En terminant l’ornementation de la tente officielle, Marguerite se prit à rêver d’une étrange manière. La femme de chambre avait jeté le mot magique : garçon ! Un ministre ne peut guère se dispenser de se marier, tout de même ! Celui-ci faisait faire les honneurs de son ministère par sa sœur, de cinq ans plus âgée que lui, une ex-bigote, disait la chronique, qui avait