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fange, d’épines, de pierrailles aiguës. On était bien obligé de tourner les difficultés s’enchevêtrant les unes dans les autres, et on finissait par tourner le dos à son but. Des rideaux d’églantiers et de ronces, des broussailles hautes à vous asseoir par terre, nous dissimulaient de plus les ruines, et quand une éclaircie, sous les branches, nous laissait les apercevoir, l’œil se heurtait à un mur énorme, un mur tout uni. Les donjons, les créneaux, le chemin de ronde, s’étaient engloutis absolument dans cette muraille suintante d’humidité, et il ne demeurait debout qu’une façade muette, aveugle, la menaçante façade par excellence, la façade hermétique… Nous nous assîmes, à mi-côte, tout essoufflés, sur un tronc d’arbre.

« Hein ? me dit Téard, s’épongeant le front, c’est agaçant !… »

« Il faut couper au plus court, je veux toucher cette roche de mes deux mains. »

Nous voilà repartis, le nez levé, les yeux