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ment, ne comprenait cette manière de s’amuser. Une soudaine colère envahissait tous les spectateurs. On appela des belluaires, des chevaux galopèrent vers l’éléphant dont on entraîna la lourde masse, et mis debout, face à face, les deux adversaires continuèrent à se surveiller. Le chrétien refusait la lutte, la panthère ne se sentait pas le courage d’écharper, n’ayant plus faim. L’un des belluaires se précipita, les menaçant de son épée. D’un bond gracieux l’animal évita le choc, et le chrétien conserva son sourire mélancolique. Alors des hurlements retentirent de tous les côtés. L’orage éclata, épouvantable. Les belluaires se ruèrent contre la bête, qui se déclarait capricieusement pour le plus faible. On alla poser les lances sur les brasiers, on apporta les dards enduits de poix et de plumes enflammées, on appela les chiens dressés à couper les jarrets des taureaux, on emplit des vases d’huile bouillante. Toutes les haines se tournèrent en un moment du