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qui se retrouvait, une heure après de patientes recherches, à une place où jamais personne ne l’avait mise, tantôt c’était une pelle qui se fondait dans les arbrisseaux et s’évaporait totalement. Mon père m’accusait de faire de mauvaises farces. Ma mère me défendait et répétait :

« Oh ! ici, rien ne m’étonne ! » d’une voix basse, irritée contre cette chose que j’ignorais.

Non, ces aventures ne s’expliquaient pas du tout.

Un matin, à déjeuner, au sujet de la salière qui venait de se répandre, maman eut une crise de nerfs ; Marie poussa des exclamations désolées.

« Voyons, dit papa impatienté, c’est bien simple : fichons le camp. D’ailleurs, moi, je ne voulais pas louer à cause de vos sacrés caractères. Vous n’êtes pas raisonnables ! »

Marie ramassa le sel silencieusement, devinant que cela se gâtait. Moi, je me mis à