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gonfla jusqu’aux nuages et s’ouvrit sous la pointe aiguë d’un éclair durant que la foudre nous rendait sourd.

— Navire ! souffla le vieux accroupi près de moi.

Nous n’avions plus de torche, nous n’avions plus de pétrole, le phare s’était éteint, et la cage de verre fichait le camp par morceaux.

Je ne voyais pas encore le navire, mais les éclairs me le montrèrent une seconde, comme en pleine aurore.

Un grand navire à coque sombre, tout debout, pareil à un cheval dressé sur ses jambes de derrière.

Il marchait ainsi vers la Baleine.

Son affaire était réglée. Plus la peine de l’avertir. Il y avait belle heure qu’il cherchait sa fin, le malheureux !

On n’entendait ni cloche d’alarme, ni commandement de porte-voix, ni cris de désespoir.

Le grand vaisseau, en animal énorme, très têtu, voulait aller là… ça lui faisait plaisir. Il