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la galerie vitrée. Mary vint donc sonner à la porte de mademoiselle Parnier.

— Vous avez tué mon chat ! dit laconiquement la petite hussarde, mettant ses mains dans les poches de son tablier d’écolière.

— Non, ma chère enfant, se récria la dévote ; entrez vite, j’ai là un beau plat de beignets que je veux vous faire goûter. Votre chat a été volé par les gamins de la rue… Entrez vite, nous dirons le benedicite, vous me réciterez une fable et je vous montrerai des images de mon Histoire sainte.

Au fond mademoiselle Parnier, qui commençait à catéchiser toute la famille, avait très peur de perdre son prestige. Mary n’était guère facile à apprivoiser ; cette petite ne s’entendait avec personne et se moquait de l’enfer.

— Vous mentez, Madame, dit Mary tranquillement, et puisqu’on voit le diable quand on ment, vous le verrez cette nuit.

— Ma chère mignonne, murmura mademoiselle Parnier, je suis trop bien avec le bon Dieu pour cela… Fi ! la vilaine tête !… Regardez comme Jésus pleure en ce moment sur vos insolences !

Elle lui désignait du doigt le christ pendu près de la cheminée.

Les vitrages de la galerie étaient ouverts, on voyait Minoute plantée sur son derrière au milieu de la cour : Minoute, la queue tourmentée de frissons, attendait l’issue de l’ambassade.

Mary s’avança du côté du plat de beignets qui fu-