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mais pour un notaire ou un médecin… vous comprenez ?

— Je ne comprends pas ! fit le colonel qui avait l’atroce envie de sauter par une fenêtre, tant il regrettait d’être venu.

— Je ne peux pas louer à des soldats, Monsieur !… ajouta la dernière des Parnier de Cernogand.

— Le colonel du 8e hussards, un soldat !… riposta Barbe avec un haut-le-corps plein de dignité… Je pensais, Mademoiselle, que notre épée valait vos jupes d’avocat, mon planton aurait-il été malhonnête vis-à-vis de votre femme de chambre, que vous ne vous croyez pas obligée d’être polie vis-à-vis de moi ?… Je tiens à votre bicoque et je l’aurai ; ah !… nous verrons… Mademoiselle.

Il se leva, renversant sa chaise de paille, la sabretache s’embarrassa dans le dossier, et pendant qu’il faisait un pas de retraite, la chaise suivit.

Mademoiselle Parnier de Cernogand, qui ne croyait pas avoir affaire à un vrai colonel, ouvrit des yeux épouvantés.

— Seigneur Dieu !… je ne savais pas que vous fussiez leur colonel. Clémentine disait des soldats, de ces gens turbulents, le déshonneur des maisons pieuses, Monsieur.

Elle se mit à tirer la chaise de son côté. Est-ce qu’on allait lui emporter ses meubles, aussi ?…

— Mademoiselle, je me plaindrai aux autorités, je suis le colonel Barbe… j’en ai vu de très raides… pas de pareilles… Comment, il n’y a qu’un logement