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Il pensa qu’elle plaisantait.

— Mais tu viens de faire un aveu, Mary !

— Je t’aime… et voilà tout !

— Que tu es folle ! Merci ! chère femme de mon cœur, de me rendre lâche et de me rendre vil. Je n’ai jamais mieux compris la joie de s’enivrer. Quand on se réveille, on se tue… à mon tour d’ajouter : et voilà tout !

Il voulut embrasser sa bouche, elle recula.

— Paul, j’ai besoin d’un être de mon âge pour lui causer, lui sourire, me blottir dans ses bras… Nous n’irons pas plus loin ; veux-tu ?… Une idée que j’ai parce que mon mari est un maître et que je n’aime pas les gens sérieux. Nous ferons une école buissonnière de notre tendresse. Tu me diras tes peines, je te dirai mes joies. Nous nous presserons les mains nos têtes à côté l’une de l’autre. Je rêve de l’amour très impossible fait de mystères enfantins et que l’on n’ose pas mettre en action. Paul, je t’aime comme t’aimerait une petite sœur libertine !

— Moi je t’aime comme un amant qui te désire ! rugit-il tout d’un coup en la broyant dans une étreinte insensée, car décidément elle se moquait de lui.

Mary se dégagea.

— Paul, dit-elle, me prenez-vous pour une fille du quartier latin ?

Il éclata en sanglots. Mais qu’est-ce qu’elle voulait donc ? Puisqu’elle se donnait comme une fille, fallait-il la respecter au risque d’être traité de sot ?

— Madame, bégaya-t-il, vous m’avez demandé si