Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout d’un coup il pâlit, le sang reflua violemment à son cœur.

— Mon Dieu, dit-il, ivre de ce parfum d’amour qu’elle épandait autour d’elle, je deviens fou !

— Et vous êtes guéri ? ajouta-t-elle avec une caresse le long de son épaule.

— C’est vrai !

Ils restèrent immobiles l’un devant l’autre, saisis de la même émotion. Pour la première fois Mary s’attendrissait à propos de la misère d’un homme. Lui, la dévorait de son regard large, curieux comme un regard d’enfant et hardi comme toutes les passions. Oh ! ce peignoir de dentelles si mal attaché qu’on l’aurait crue roulée nue dans des écheveaux de fils fins, s’écartant sur la gorge pour lui donner un éclair de sa peau vernie d’or ! Ce peignoir s’entortillant à ses membres pour lui jeter l’impérieux désir de la détortiller, de les trouver un à un comme de petits oiseaux dans un nid. Oh ! oui, elle avait l’air d’une tourterelle blanche, et c’eût été si facile de lui arracher ses plumes pour essayer de voir dessous !

Elle embaumait la chair toute jeune, toute saine, toute chaude ! Elle tenait du gâteau, des petites colombes, aussi des petits chats avec ses yeux phosphorescents dans l’ombre du bosquet.

Il joignit les mains, ayant peur d’y toucher et de lécher son doigt ensuite.

— Madame, soupira-t-il, vous vous moquez de moi, je comprends ! Vous êtes trop polie pour me