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brassant Mary, je saurais bien l’élever, mais… n’y a pas moyen… vois-tu, ma mignonne, nous n’en aurons jamais, nous !

Mary insinua d’un ton mystérieux qu’on avait fait venir l’homme des choux, il fallait lui acheter un bébé aussi.

— Oh ! fit Corcette, sans songer à ce qu’il disait, ce serait un véritable enfant de troupe !

Madame Corcette bondit.

— Théodore, tu es ignoble !… devant cette enfant !… As-tu bientôt fini de m’insulter de la sorte ?

— Calme-toi, bichon, c’est un mot… rien de plus !… Oui… à cause de tes cheveux, de ton genre, de tes costumes… on ferait des histoires… je voudrais bien, moi… en avoir une ou un… mais on est sûr de quelle femme, en ce drôle de monde !… je préfère m’abstenir et te forcer à ne pas perdre la tête… tant pis pour toi, bichon !

— Corcette, je te tuerai… tu es un misérable.

Et brusquement elle saisit un morceau de pain, le lui lança à la tempe, il riposta par une fourchette garnie de sauce.

Mary, pensant que c’était une nouvelle représentation, tapait des mains, enchantée de voir ses bons amis si gais. Cependant madame Corcette ayant reçu l’os d’une côtelette dans l’œil, devint très rouge, puis éclata en pleurs. Mary cessa de rire.

— Vous êtes un méchant ! dit-elle, serrant bien fort sa magicienne entre ses bras minces. C’est toujours la même chose, ajouta-t-elle tristement, s’a-