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Je te veux, et si tu me veux, tu ne peux pas avoir d’autre volonté que la mienne. Je suis le maître, tu ne l’en iras pas, je me charge bien de t’en empêcher. Passe devant pour m’indiquer où est ton lit… et tais-toi !

— Me laisseras-tu au moins le temps de poser ma robe ?

— Je ne t’accorderai pas une minute… je te suivrai.

Il la suivit.

Dans sa grande chambre close, tout était tellement obscur qu’il eut l’impression vertigineuse de se jeter dans un gouffre.

Et il lui fallut s’orienter un instant, lâcher son poignet.

Une angoisse horrible étreignit le jeune homme.

— Éliante ! parle-moi… Éliante, où es-tu ?… Je le défends de te taire, à présent, je veux entendre la voix.

— Je suis là, mon bien-aimé, répondit la voix déjà lointaine, je pose ma robe… devant mon lit… Viens…

Et il perçut un léger bruit de soie froissée.

Vraiment, ce n’était plus faire l’amour ! C’était presque commettre un crime, mais ayant arraché ses propres vêtements en des gestes fous, il se précipita vers le lit.