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qu’un mari, mieux qu’un amant. Je serai plus qu’aucun homme pour toi parce que tu es vraiment plus qu’une femme. Je t’attendrai tout le temps qu’il faudra, mais, promets-moi de… nous tuer avant ton départ pour… là-bas ! Embrasse-moi et tu seras guérie. Est-ce que tu as de la haine, toi, comme une petite… Marie Chamerot ?

— Non, je n’ai pas de haine, je me rends compte de mon inutilité en face des Marie Chamerot. Elles ont peut-être raison ! Elles sont simples, elles sont vulgaires… et elles savent des choses que j’ignore, moi, qui pensais savoir tout en aimant. Je descends vers la nuit suprême en me disant que je laisse des clartés nouvelles derrière moi, et je croyais que le seul rayon, c’était l’Amour, qu’il était fait d’une seule lumière, à la fois infernale et céleste. J’ai découvert que l’on s’éclaire à l’électricité, aujourd’hui (elle se mit à rire), et au pétrole, donc, c’est bien plus économique dans les petits ménages ! Ah ! mon amant, le cœur me brûle d’un autre feu, moins pratique, je t’assure, que celui du foyer conjugal et… pourtant… l’Église avait raison en enseignant l’éternité de l’union… Cinq ans… vivre cinq ans ta bouche collée à la tienne… c’est trop peu… et en supposant qu’une nuit me suffise, je veux obtenir le droit