Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est une baignoire de côté. Tu me demanderas au contrôle. On jouera Othello, je crois, et… ce que ça nous sera égal, dis ?

Je voudrais te voir un peu, dans un endroit où je serai bien certaine que tu ne pourras pas m’injurier. Quand je suis près de toi, je m’imagine que ce n’est plus loi, et cela me guérit de mon rêve.

Je veux guérir, car je suis une indomptable fanatique. Non seulement je ne veux plus aimer qui n’est pas digne de ma folie, mais je désire te guérir toi-même. Je te jure que j’y arriverai prochainement…

Tu m’as traitée de somnambule ! Je suis lucide. L’eau de la douleur lave les yeux, et je peux lire dans l’avenir.

Mais, voilà, je t’aime… tu comprends, et j’ai envie de murmurer, comme cette grande et enfantine prostituée, devant la guillotine :

« — Encore un petit moment, Monsieur le bourreau ! — »

Ne me réponds rien de cruel. Si tu disais non… j’irais tout de même ! Moi, je suis bien à mon aise pour être une mendiante d’amour… puisque je ne suis pas la maîtresse. Alors j’ai tous les droits, et mon père ne peut rien me défendre, d’une voix forte, tout au fond de mon cœur. Je me moque de Monsieur mon père, car