Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle pleure, se roule sur le tapis et casse les barreaux d’une chaise volante.

Je suis très honteux et j’essaye de l’embrasser sans aller plus loin que de plates excuses.

Elle me rattrape, se tord, me mord. Il est clair qu’elle va finir par gagner la partie. J’en tremble…

En bas, sur le pavé, le bruit monotone d’un sabot de cheval qui se morfond dans la rue à marquer l’heure…

Je m’imagine entendre le mari, frappant ma porte d’un poing résigné.

Dans la débâcle des jupes pailletées, puis roses, puis blanches, puis encore très roses, je me perds, je m’attarde, j’ai l’odieuse sensation d’accomplir plus une corvée mondaine qu’une cérémonie amoureuse.

Elle est déjà toute consolée, daigne sourire, se relève en retapotant ses jupes.

— Voyons, Lia, c’est pas sérieux ? Voici deux fois que tu me joues ce tour. Tu manques absolument de générosité, épouvantable petite singesse ? Tu vas te sauver maintenant.

— Tiens ! C’est pour payer la gifle.