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Nous serons deux ainsi pendant près d’une heure, trois avec l’instrument qu’elle ira tapoter, caresser (il y aurait un mot plus juste mais… trivial).

J’ai rencontré Thilde dans un concert qu’elle donnait à son bénéfice. Je pris un billet bien par hasard, et après un dîner confortable, chez les Noisey, je vins vers dix heures ne sachant que faire de ma soirée, Julia ayant la migraine.

Une toute mignonne salle de spectacle, peu de monde et des ouvreuses polies. De ma stalle je contemple le monstre Pleyel. Une queue exubérante et des dents agressives découvertes. Je m’irrite malgré moi. La femme vient et le caresse… Une expression de bouche étonnante. Je suis jaloux, la trouve belle, cherche un confrère obséquieux pour me présenter.

Thilde était en satin blanc comme une épousée, elle avait pleuré (elle pleure facilement) parce qu’au moment de jouer son morceau de résistance on lui avait glissé la note de l’électricité. Ce coup de l’électricité, on le fait volontiers aux dramaturges amateurs et aux femmes sans protection dans