Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

aimé par Cléopâtre, que vous condamnez à vivre déguisée en putain moderne, j’ignore pourquoi. Moi aussi, j’essaye mes poisons sur ce vieux cœur, sans regarder ce trop jeune corps qui vous appartient et dont vous faites un instrument de torture… sur un très vieux cœur libre, datant de plus loin que votre république imbécile où personne n’est libre ! Ma mère, la religion, vous, la loi, je flanquerai tout dehors, et si des clients montent, je tirerai dessus, car il n’ont pas le droit de monter, puisqu’elle est forcée de les recevoir. Vous comprenez bien ? J’emporterai cette fille en Amérique, si la France n’est plus le pays de l’amour. Ah ! mais, dites donc, elles sont dangereuses vos sociétés… ils ont raison !

L’agent tressaille.

— Monsieur Rogès, calmez-vous. Vous allez faire du socialisme !

Et il s’efforce de rire.

— Du socialisme ? (Je repars comme une locomotive.) Ah ! Non ! Je ne veux rien réorganiser du tout, moi ! Une société socialiste, ce serait encore plus sale, ils prostitueraient même le rêve pour le faire servir à quelque