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Il n’y a que la reine qui ne souffre pas du soleil.

Elle ne souffre jamais de rien.

Les têtes bronzées des serviteurs et la peau zébrée de blessures des deux petites filles esclaves luisent comme toutes prêtes à se fondre sous les morsures de l’astre. Le sable pâlit de plus en plus, on ne peut pas le contempler, il entre dans les yeux en pointes de lances.

L’éléphant va toujours d’un pas égal, et, à chaque plissement de sa croupe, les corps se ploient dans la corbeille, le panache du parasol se penche.

On serait bien dans le palais, à manger des fruits, aux fraîcheurs des marbres humides.

Mais la jeune reine, que tourmentent des passions singulières, veut aller voir le champ de bataille.

Vers la tombée de la nuit, seulement, on arrive.

Déjà des choses abandonnées ont été rencontrées au sortir de l’oasis. On a découvert un guerrier mort, le front fracassé par un javelot. La reine s’est dressée un peu, ses