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on m’avait préparé un calice de honte ; il fallait le boire jusqu’à la lie ! Ma seule consolation eût été d’arriver pure au lieu du repos ; en ce monde la consolation ne devait pas m’être connue. Je devais sombrer au moment d’entrer au port.

Dès que je fus en état de me lever, mon père, qui savait tout, m’abandonna. Ce fut une cruelle tristesse à ajouter à celle que j’avais eues jusqu’alors. Il m’accusait, peut-être en secret, d’avoir causé la mort de sa fille préférée ! Ensuite il ne pouvait pas rester dans cette maison qui appartenait à James. Il partit pour retourner à Londres, où il avait vécu dans sa jeunesse ; il me laissa le pauvre petit Henry. Il ne l’embrassa même pas en s’en allant ; pour lui, c’était le fils d’un assassin et non le fils de Madge. Je restai seule, avec cet enfant dont la responsabilité m’était confiée. Je restai, attendant James, s’il vivait encore, pour le lui rendre.

De quelque côté que je voulusse tourner les yeux, je ne trouvais pas une main amie tendue vers moi. Personne ne m’offrait un appui. Au surplus, que m’importait ? Ce n’était qu’une