Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas à côté d’elle. Il lui tendit la fleur, qu’il venait d’entortiller d’un chiffon de papier.

— Et vous ? cria-t-elle, voyant qu’il restait en arrière et s’imaginant à présent qu’elle mourrait s’il se séparait d’elle.

— Moi, répondit-il gravement, je vous ai sauvée ce soir, à d’autres de vous sauver demain !

Et il posa sur ses genoux la fleur, un camélia rouge enveloppé d’un billet de banque.

— Oh ! venez ! balbutia-t-elle, se penchant l’air désespéré, ne me quittez pas ! je ne veux pas de votre argent, je veux de vous…

— Vous voulez faire ce métier jusqu’au bout par acquit de conscience, scanda-t-il, riant d’un rire froid ; l’aventure propre ne vous suffit plus ?

Elle répéta, folle, se cramponnant à lui :

— Je crois que j’ai peur… Oh ! je crois que je vous aime !

Et elle entra ses ongles dans ses habits pour être bien certaine de le retenir. Alors il la rejoignit, ayant le geste d’un homme qui se dit :

— Après tout, je serais bien bête…

Chez elle, en gravissant son escalier, elle eut un éblouissement, chancela, pensant à cette mégère, sa concierge, qui guettait sa dernière chute pour venir ensuite lui représenter sa quittance de loyer. Il s’arrêta.

— Vous réfléchissez ? questionna-t-il railleusement. À propos, laissez-moi vous donner un conseil, il ne faut pas demeurer si haut quand on