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raccrocha et se remonta un peu plus près de la jeune femme. Une crête de tuile fleuronnant le toit les séparait seulement, et Laure vit d’une manière très distincte, dans l’échancrure de son veston de toile bleue, toute la maigreur déliée de son cou, sa pomme d’Adam qui saillait.

— Pauvre chat efflanqué, songea-t-elle, mange-t-il à sa faim ?

Elle ajouta plus haut :

— Vous êtes ouvrier bijoutier ?

— … En toc, madame, pour vous servir à l’occasion.

— Et vous gagnez ?

— Ça dépend, des fois quatre francs par jour, des fois cinq. Je suis brunisseur et monteur à crochets…

— Ça se voit ! fit Laure, lui indiquant les crampons qu’il tenait ferme.

Il éclata d’un bon rire joyeux.

— Vous avez joliment l’œil, madame ! Pardon, faut dire : mademoiselle, n’est-ce pas ?

— Oui. Vous êtes Parisien, monsieur Auguste ?

— Né natif. Mes père et mère ont claqué depuis longtemps, et c’est mon oncle qui m’a mis en apprentissage. Bon métier. Je travaille chez moi quand l’ouvrage presse. Demandez monsieur Auguste Ternisier, la porte à gauche sous les combles.

— Je ne demanderai rien du tout, mais j’irai voir vos bijoux en passant par les toits, si vous voulez !