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dans une raillerie bizarre, évoquant une souffrance ou une espérance inavouable.

Il chante la mort de son âme.

En a-t-il jamais eu une ?

Par quelles douloureuses évolutions a dû passer son cerveau pour en arriver à cette négation de tous les sentiments humains : l’orgueil, l’ambition, les passions vulgaires ou nobles ? Quelle volonté mauvaise a bourrelé ce cœur de tous les regrets, de tous les remords et lui a fait accepter tous les renoncements ?

Est-ce un malade ou un malheureux ?

Il tourne subitement la tête, un dernier accord expire sous ses doigts : sa porte vient de s’ouvrir et sa sœur est là, toute blanche, très droite, tellement calme qu’elle n’en est que plus effrayante malgré sa beauté. Ce n’est pas le fantôme d’une morte, c’est le double d’une vivante. Elle est là en apparence seulement.

D’un bond, Félix s’élance vers elle et entoure ses épaules de ses bras :

— Toi, ma félicité ! murmure-t-il en la