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La voici qui ouvre sa porte.

Comme si elle venait de libérer un ennemi, un souffle puissant l’enveloppe : le vent a repris sa ronde. Il tourne et frappe aux murailles de ce corridor qui traverse toute la maison. Le monstre enfermé cherche une issue. Il secoue les boiseries, fait vibrer les vitres des fenêtres en accords gémissants avec les accords de l’orgue. Une silhouette d’autrefois hante la galerie de l’ancien couvent, quelque jeune clerc en mal d’insomnie se rendant à la chapelle pour s’y humilier devant le tabernacle. C’est Félicie de Tressac dont les yeux deviennent phosphorescents quand elle passe dans les embrasures des croisées n’ayant ni rideaux ni volets. On pourrait l’apercevoir de la cour si les domestiques ne dormaient pas à poings fermés dans leurs chambres basses, Jeanton à côté de ses chevaux, à la bonne chaleur de leur litière, Brésille et Joana dans une buanderie près du grand cuveau qui exhale encore une