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une méthode infernale, cerne tous les buissons, pénètre tous les halliers, frappe à toutes les barrières. Et il fait sonner des cors prodigieux, tire des salves de coups de fusil qui crépitent sur les frondaisons comme des averses de grêle sans avoir besoin d’aucune arme palpable. Pour faire cette guerre, il n’emploie ni les cailloux, ni l’eau, ni le feu. Il est en puissance, de toute éternité, non pas comme un Dieu possible, mais comme Satan lui-même, le souffle du Malin, un impossible maître qu’on subit sans le voir ni pouvoir le réaliser cérébralement.

Le vent pousse les escadrons de nuages emportés au galop de ses chevaux fous. Là-haut, des crinières blanches, grises ou noires voilent tour à tour la lune offensée par ce tumulte et ces fumées d’incendie. Comme une grosse larme, elle roule là dedans et se demande si elle suffira, cette nuit, à pleurer la fin du monde !

Le vent traverse la vallée paisible de la Jordonne. De ses poignes vigoureuses, il