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gérant l’emphase des prophéties mauvaises. Il sème la terreur parce qu’il n’a pas de visage. Il est la voix du vide et la nature a horreur de lui.

Il s’engouffre, là-bas, dans un vallon dénudé où il n’y a point d’arbre et il fonce, tourbillonne, puis il remonte, s’attaque à la forêt, fait craquer toutes les branches, en casse beaucoup qui sont déjà mortes, jonche les routes et les sentiers de feuilles sèches après avoir joué avec elles comme un chat furieux avec des souris jaunes. Tout se replie ou tombe sous ses morsures. Et il se fâche, s’enrage de plus en plus contre les obstacles. Personne jamais ne connaîtra l’affreux combat qu’il a entrepris contre un chêne, le doyen de la forêt qui portait des centaines d’années et s’était fait faire une place d’honneur au milieu d’une clairière. Au sommet du pays il a vu passer sous son ombre tant de bêtes, entendu tant de râles d’agonies et protégé tant de couples amoureux qu’il avait le droit de se croire éternel. Recevant le